Projet Topo-Litt et missions de terrains archéo-toponymiques dans le cadre d’ArMeRie et Sea-Lex
De février à avril 2021, dans un contexte de confinement et de reconfinement lié au Covid-19 durant lequel les conditions d’enseignement se font en distanciel, Daniel Le Bris, Mael Jézéquel, Yvan Pailler et Pierre Stephan organisent avec les étudiants UBO de Master spécialisés en archéologie, dialectologie, anthropologie et histoire de l’art, plusieurs missions de terrain consistant à relever les mesures des barrages à poissons sur l’estran du Nord-Finistère. Ils tirent bénéfice des grandes marées pour réaliser ces mesures. Ces missions se font en adéquation avec des études préalables de cartes topographiques, Litto 3D, bathymétriques, de photos aériennes, d’images satellites. On utilise aussi les cartes marines anciennes et les cadastres. Les sites sont parfois filmés et photographiés à l’aide d’un drone. Ces missions se poursuivent en 2022 et probablement au-delà.
Topo-Litt étudie les toponymes maritimes marqueurs de sites archéologiques le long des côtes de Bretagne. Dans un premier temps, elle se concentre sur les noms de barrages à poissons en breton: kored/gored ‘pêcherie’, kae ‘levée de pierres’, gorz ‘barrage’. Kored a pour équivalents celtiques le gallois cored, l’irlandais cora et le gaélique cairidh. Certains barrages ont récemment fait l’objet d’essais de datation.
Les pêcheries sont construites en pierres, barrant un estuaire ou une dépression naturelle dans la zone intertidale. Elles constituaient une retenue d’eau pour piéger les poissons à marée basse. La structure pouvait aussi être en bois ou complétée par un clayonnage, des filets ou une nasse. Aujourd’hui, seuls les éléments lithiques ont subsisté. Topo-Litt étudie prioritairement les toponymes liés aux pêcheries submergées au nouveau logiciel Chronoe qui permet de proposer une datation hypothétique de ces structures. Les hypothèses chronologiques se fondent sur la submersion progressive des pêcheries au cours du temps lié à l’élévation du niveau marin depuis le Méso-/Néolithique et l’utilisation effective des pièges à poissons. Si les hypothèses se confirment au fur et à mesure des analyses, cet outil pourra servir à avancer une datation non seulement des sites côtiers mais aussi des toponymes celtiques.