Une approche de problèmes archéologiques locaux ; l’exemple de Tréogat* .
Le conférencier : Pierre Gouletquer, archéologue au CNRS (e. r.) et conteur
L’un de nos correspondants s’étonnait du flou de nos explications peu « scientifiques » à propos des menhirs garnissant le pays bigouden. Il fallait lui montrer, sur son propre territoire, que, même pour les périodes récentes et actuelles, il est difficile voire impossible d’appréhender tous les tenants et aboutissants de « marqueurs de territoires » apparemment simples. En appliquant quelques démarches d’analyse des répartitions, on provoque rapidement des séries de questions jusqu’alors négligées qui se reporteront tout naturellement sur les marqueurs plus anciens.
La recherche consiste par conséquent, non plus à détecter des objets significatifs de telle ou telle époque, mais, en toute priorité, à déclencher de nouvelles interrogations concernant la gestion d’un territoire très précis. Celles-ci laissent entrevoir des perspectives toutes nouvelles, car elles impliquent que l’on s’intéresse à l’unicité des objets, des sites, des parcours et des territoires, et aux continuités qui les animent, là où l’archéologie dominante a recherché généralités, typologies et ruptures. Ce qui est vrai ici ne l’est peut-être pas ailleurs, et c’est cela qui nous intéresse.
En préambule de cette démarche on exposera rapidement une réflexion théorique sur les interactions entre les contraintes qu’impliquent les cours d’eau et les lois qui régissent les flux de circulation. Ceci attire l’attention sur un autre grand vide thématique : on peut imaginer ce qu’impliquerait de s’intéresser à tout ce qui affecte ou a affecté un cours d’eau depuis la préhistoire la plus lointaine… jusqu’aux projets délirants que nous promet le « progrès ».
Bien entendu, tout cela implique une complicité sincère avec ceux qui s’intéressent à leur espace de vie et au passé de celui-ci.
* Cette conférence est le prolongement enrichi de celle présentée à Tréogat le 1er octobre 2022.