Stage transverse : LGO (Aurélie Penaud, Muriel Vidal, Clément Lambert) – LEMAR (Jill Sutton et Gaspard Delebecq) – LETG (Pierre Stéphan et Yvan Pailler)
L’étude passée à actuelle des socio-écosystèmes côtiers sous l’angle des forçages complexes à la fois naturels et anthropiques requière une forte interdisciplinarité qu’il est largement possible d’entrevoir à IUEM et ce, notamment, dans le cadre de son nouvel axe transverse « Dynamiques historiques ». De plus, la Rade de Brest représente un site pilote régional idéal pour aborder les transformations des écosystèmes côtiers étant donné son implication dans le cadre du site atelier régional labellisé Zone Atelier Brest Iroise (ZABrI) par le CNRS-INEE faisant également partie du réseau européen (eLTER) et international de recherche écologique à long terme (ILTER), mais également dans le cadre de différents projets portant sur l’Holocène de manière interdisciplinaire (chaire ARMERIE, coord. Yvan Pailler ; projet flagship ISblue « SEALEX », coord. P. Stéphan).
Dans ce contexte, l’objectif de ce stage est de discuter un évènement notable de l’Holocène, connu comme un pointeur clé des subdivisions stratigraphique holocènes (limite Holocène moyen – Holocène supérieur) et une subdivision culturelle majeure pour les sociétés nord-ouest européennes (limite Néolithique – âge du Bronze) : l’événement du 4.2 ka BP (i.e. 4 200 avant 1950 ou 2 200 ans avant J.-C.). Une carotte prélevée en Rade de Brest à l’embouchure de l’Aulne offre la possibilité de couvrir cet événement sur 400 ans de sédimentation de manière inédite, et donc d’enregistrer à très haute résolution cette transition Holocène qui voit i) d’un point de vue climatique, le début de l’aridification des moyennes et basses latitudes et la fin progressive de la période humide africaine, ainsi que ii) d’un point de vue archéologique, le début de la métallurgie et l’émergence de sociétés fortement hiérarchisées. A la transition Néolithique-âge du Bronze, l’habitat s’organise progressivement en hameaux autour de places centrales (enceintes) et les pratiques agricoles et artisanales évoluent. L’impact de l’homme sur son milieu, déforestation et agropastoralisme, amorcés dès la fin du Néolithique, s’intensifient alors avec un essor sans précédent, parallèlement à la densification des zones habitées.
Ce stage permettra de consolider une équipe interdisciplinaire à l’IUEM consacrée aux trajectoires passées (Holocène à Anthropocène) des socio-écosystèmes à l’interface terre-mer dans le contexte de fortes pressions anthropiques. Dans ce cadre, la plateforme de « sédimentologie et palynologie » de la troisième tranche sera fortement sollicitée pour traiter les sédiments bruts d’une carotte prélevée à l’embouchure de l’Aulne. Il s’agira notamment d’extraire, par le biais de 2 protocoles indépendants, les composantes siliceuses biogènes (collaboration Jill Sutton, LEMAR ; expertise taxonomique des diatomées assistée de Gaspard Delebecq) et organiques (collaboration Aurélie Penaud, Muriel Vidal et Clément Lambert, LGO pour l’expertise taxonomique palynologique) des sédiments échantillonnés. Cette carotte est d’ores et déjà datée par le biais de 4 dates AMS-14C sur 80 cm de sédiments entre 4 400 et 4 000 ans cal BP, permettant d’envisager une résolution d’étude décennale à partir d’une quinzaine d’échantillons analysés. L’obtention des résultats sur les paléo-paysages (pollen) et l’évolution des eaux côtières (dinokystes et diatomées) sera discutée en regard des données géomorphologiques (collaboration Pierre Stéphan) et archéologiques (collaboration Yvan Pailler) disponibles autour de l’événement du 4.2 ka BP.