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Offre de stage en Master recherche financée par SEA-EU

Il nous paraît important que l’étudiant(e) puisse rencontrer ses co-encadrants des universités partenaires, c’est pourquoi nous avons prévu dans l’environnement du stage une mission d’une semaine dans chacune des universités partenaires (encore une fois, en cas de situation sanitaire très restrictive, ce travail serait remplacé en virtuel, même s’il n’aurait pas la même portée pour l’étudiant, ni pour le projet). Ce sera aussi du temps mis à profit pour dépouiller la bibliographie en lien avec le sujet.

It seems important to us that the student should be able to meet his or her co-supervisors from the partner universities, which is why we have planned a one-week mission in each of the partner universities as part of the internship environment (again, in the event of a very restrictive health situation, this work would be replaced virtually, even if it would not have the same scope for the student or for the project). This time will also be used to study the bibliography related to the subject.

Quels liens entretient l’Homme avec la Patelle (Patella sp.) du Mésolithique à nos jours sur la façade atlantique européenne et en Méditerranée occidentale ? 

What links does Man have with the Limpet (Patella sp.) from the Mesolithic to the present day on the European Atlantic coast and in the western Mediterranean?

Objectif

Le travail de recherche proposé est à la croisée de plusieurs disciplines (archéologie, anthropologie, biologie). Il a pour ambition de faire une recension bibliographique des sites archéologiques qui ont livré des dépotoirs dans lesquels Patella sp. est présente et de les cartographier. Il s’agira également de passer en revue les pratiques liées à ce coquillage, qu’elles soient anciennes ou actuelles, tout en s’interrogeant sur le rapport que l’Homme entretient avec Patella sp.

Objective

The proposed research work is at the crossroads of several disciplines (archaeology, anthropology, biology). Its ambition is to make a bibliographical review of the archaeological sites that have yielded dumps in which Patella sp. is present and to map them. It will also be a question of reviewing the practices related to this shell, whether ancient or current, while questioning the relationship that Man maintains with Patella sp.

Contexte

Exploitée depuis le Paléolithique supérieur dans le nord de la péninsule ibérique, la patelle est le coquillage le plus présent dans les dépotoirs littoraux (amas coquilliers) à certaines périodes (Néolithique, âge du Bronze). A contrario, sa collecte semble presque abandonnée à d’autres périodes ou du moins être anecdotique (période gallo-romaine et actuelle). Toutefois en cas de crise (seconde guerre mondiale par ex.) ou de disette, les populations littorales peuvent se tourner massivement vers ce coquillage et le prélever car il est abondant, assez ubiquiste et riche en protéines. Il y a peu à Madère, l’espèce Patella Caerulea était très prisée des insulaires où on la trouvait sur le marché de Funchal ; à tel point que l’espèce s’est raréfiée (Christiaens, 1973). De tels exemples de surpêche ont été mis en évidence dès le Néolithique moyen 2 dans l’abri 2 de Pietracobara en Corse (Vigne, 1995) sur la Grande Patelle (Patella ferruginea). La question de la durabilité de l’exploitation de ce mollusque est donc posée et pourrait trouver dans une analyse écologique de ses populations actuelles des pistes quantitatives utiles à avancer sur ces importantes interrogations.

Background

Exploited since the Upper Paleolithic in the north of the Iberian Peninsula, the limpet is the shell most present in the coastal dumps (shell piles) at certain periods (Neolithic, Bronze Age). On the other hand, its collection seems almost abandoned at other periods or at least anecdotal (Gallo-Roman and current period). However, in case of crisis (World War II for example) or famine, coastal populations may turn massively to this shell and collect it because it is abundant, rather ubiquitous and rich in proteins. Not long ago in Madeira, the species Patella Caerulea was highly prized by the islanders where it was found in the market in Funchal; so much so that the species has become rare (Christiaens, 1973). Such examples of overfishing have been found as early as the Middle Neolithic 2 in shelter 2 at Pietracobara in Corsica (Vigne, 1995) on the Grande Patelle (Patella ferruginea). The question of the sustainability of the exploitation of this mollusc is thus raised and could find in an ecological analysis of its current populations useful quantitative leads to advance on these important questions.

Si elle peut être consommée par l’Homme, la patelle était aussi donnée à manger aux cochons jusqu’à une période récente sur le littoral breton, utilisée parfois comme matériau de construction isolant (radier ou en bourrage des murs) et ce, depuis le Néolithique, de la Bretagne aux Orcades, et sa chair sert souvent de boëtte pour les lignes ou les casiers. Sa disposition au sein des amas questionne également (empilement ordonnés ou disposition « en vrac). Autant de pratiques en lien avec le coquillage qu’il convient de documenter sur une grande échelle.

If it can be eaten by Man, the limpet was also fed to pigs until recently on the Breton coast, sometimes used as an insulating building material (rafting or stuffing walls) since the Neolithic period, from Brittany to Orkney, and its flesh often served as bait for lines or crates. Its disposition within the heaps is also questionable (orderly stacking or “loose” disposition). So many practices related to the shellfish that it is advisable to document on a large scale.

Comment les différentes espèces de patelles sont-elles nommées localement ? Est-ce que les noms qu’on leur donne localement nous renseigne un peu sur la manière dont l’Homme les considère ? Par exemple, à Madère, la Patelle (lapa preta) qui reste à découvert dès que la marée commence à descendre est la plus facile à ramasser, c’est pourquoi elle est communément appelée « patelle des femmes » (lapa das mulheres ; Christiaens, 1973). A Plouguerneau, sur la côte du Pays Pagan, où Patella vulgata est facile à collecter, les adultes considèrent que c’est une pratique pour les enfants, qui ne demande aucun savoir-faire (contrairement à la pêche aux ormeaux qui est valorisée par les bassiers, et lorsqu’on cuisine les « brennigs », c’est surtout pour leur faire plaisir.

How are the different species of limpet named locally? Do the names given to them locally tell us a little bit about the way man considers them? For example, in Madeira, the limpet (lapa preta) that remains uncovered as soon as the tide starts to go out is the easiest to pick up, which is why it is commonly called “women’s limpet” (lapa das mulheres; Christiaens, 1973). In Plouguerneau, on the coast of the Pays Pagan, where Patella vulgata is easy to collect, adults consider it to be a practice for children, which does not require any know-how (unlike abalone fishing, which is valued by the shore-gatherers, and when cooking “brennigs”, it is mainly to please them.

Existe-il des mythes et légendes qui mentionnent ces coquillages ou qui leur sont associés ? On peut mentionner ici le pardon des « brennigs » près de la chapelle Saint-Egarec à Lampaul-Plouarzel (Bretagne) ou l’interdiction d’en manger le Vendredi Saint à Moëlan-sur-Mer (Le Roux, 2012). Que dire encore de cette patelle en bronze découverte au sein d’un dépotoir rituel gaulois sur l’île Ouessant (Le Bihan et al., 2010), peut-on lui trouver des parallèles dans l’aire géographique concernée ?

Are there myths and legends that mention these shells or that are associated with them? We can mention here the forgiveness of the “brennigs” near the Saint-Egarec chapel in Lampaul-Plouarzel (Brittany) or the prohibition to eat them on Good Friday in Moëlan-sur-Mer (Le Roux, 2012). What more can be said about this bronze limpet discovered in a Gallic ritual dump on Ushant Island (Le Bihan et al., 2010), can we find parallels in the geographical area concerned?

Bibliographie

CHRISTIAENS J. (1973) –  Révision du genre Patella (Mollusca, Gastropoda), Bulletin du Muséum National d’Histoire Naturelle, 3e série, n° 182, sept.­-oct., Zoologie 121, p. 1305-1392. 

LE BIHAN J.-P., ROUSSOT-LARROQUE J., VILLARD J.-P. (2010) – Archéologie d’une île à la pointe de l’Europe : Ouessant. Tome 2, l’habitat de Mez-Notariou des origines à l’âge du Bronze, Rennes-Quimper, Presses universitaires de Rennes, Centre de recherche archéologique du Finistère, 595 p.

MOUGNE C. (2015) – Exploitation et utilisation des invertébrés marins durant la Protohistoire sur le territoire continental et littoral Manche-Atlantique français, thèse de doctorat, université Rennes 1, Rennes, 707 p.

VIGNE J.-D. (1995) – Préhistoire du Cap Corse : les abris de Torre d’Aquila, Pietracorbara (Haute-Corse). La Faune, Bulletin de la Société préhistorique française, t. 92, n°3, p. 381-3

LE ROUX A. (2012) – Quoi de neuf chez les patelles ?, Penn ar Bed, n°212, nov. 2012, par 29-40.