Du 2 au 4 décembre 2020
Lorsqu’elle plonge avec précaution son orteil dans la mer, l’archéologie préhistorique oublie quelque peu ses repères. Les occupations humaines à l’interface entre les domaines maritimes et continentaux sont des objets de recherche complexes à appréhender, en premier lieu parce que la position de cette ligne de côte a fluctué au cours du temps, au gré des transgressions marines, de l’érosion, des apports sédimentaires ou du relèvement isostatique. Révéler ces habitats ou ces aménagements anthropiques sur les estrans impose un large éventail technique, en totale métamorphose aujourd’hui : prospections géophysiques, Lidar, carottages, etc….
En second lieu, la multiplicité des domaines environnementaux exploités par les êtres humains engendre une très large gamme de vestiges archéologiques et bioarchéologiques. Les coquilles de mollusques et de crustacés viennent s’ajouter aux restes des mammifères et des oiseaux. Leur étude démultiplie les savoirs et permet de mieux comprendre la gestion des cycles naturels – saisons ou marées – par les populations de pêcheurs ou d’agro-pasteurs. Il convient tout particulièrement de se pencher sur les interactions entre ces disciplines et sur leurs différentes temporalités dans l’acquisition des données, qui conditionne souvent la réussite ou l’échec de ces entreprises scientifiques.
En troisième lieu, les occupations côtières de la Préhistoire ne se limitent pas à un exercice de funambule sur le fil d’un écotone, mais elles sont le point de départ de réseaux économiques et sociaux qui s’enfoncent amplement dans les masses continentales : des sagaies en os de baleine ou des parures en coquillage sont transférés loin dans les terres, prolongeant d’autant les réseaux littoraux. Là encore, l’étude de ces artefacts fait intervenir des méthodes scientifiques de pointe.
Enfin, on ne peut pas faire l’impasse sur les aspects réglementaires qui pèsent sur ces interventions en milieu côtier : la diversité des réglementations sur le patrimoine humain ou naturel et la multiplicité des acteurs institutionnels engendrent des blocages importants, alors même que l’érosion marine ne connait pas de répit.
La table-ronde « Explorer la côte, sonder le passé : méthodes et pratiques de la préhistoire maritime » entend donc proposer un très large bilan de ces nouvelles méthodes d’exploration des habitats préhistoriques en domaine maritime, en ouvrant large les perspectives scientifiques. Cette rencontre centrée sur les aspects méthodologiques et techniques d’une préhistoire en plein renouvellement entend également aborder les problèmes patrimoniaux, écologiques ou politiques que rencontrent les recherches scientifiques à l’heure de traiter des sociétés préhistoriques des littoraux de la planète.
Cette table-ronde internationale est adossée au réseau européen de recherche (IRN) « Coast-inland dynamics in prehistoric hunter-gatherer societies (PrehCOAST) / Dynamiques des sociétés de chasseurs-cueilleurs littorales de la Préhistoire », soutenu par l’Institut Ecologie et Environnement du CNRS depuis janvier 2019. Elle profite également des dynamiques scientifiques du programme ArMeRIE (Archéologie Maritime et Recherche Interdisciplinaire Environnementale) et de la Zone Atelier « Brest-Iroise» (LTSER France).